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Déchirure des muscles de l'épaule : opération sous certaines conditions seulement

Le dernier rapport du Swiss Medical Board compare le traitement chirurgical et le traitement non chirurgical des déchirures de la coiffe des rotateurs de l'articulation de l'épaule. Le traitement chirurgical et le traitement conservateur entraînent tous deux une amélioration des symptômes, même si celle-ci est quelque peu supérieure pour l'opération. À l’inverse, l'analyse économique de la santé est plutôt en faveur du traitement conservateur. Malgré certains avantages, le Conseil d'experts du Swiss Medical Board ne peut donc recommander que de manière limitée le traitement chirurgical en raison de la fréquence de ce type de problèmes.

Le terme coiffe des rotateurs désigne un groupe de quatre muscles qui partent de l'omoplate et sont rattachés ensemble à la tête de l’humérus. La tâche de ces muscles consiste à déplacer la partie supérieure du bras et à stabiliser l'articulation. Les déchirures de la coiffe des rotateurs figurent parmi les dommages les plus fréquents de l’appareil locomoteur et peuvent être causées par un accident ou par l'usure. Près de 20 % des personnes subissent une déchirure de la coiffe des rotateurs au cours de leur vie, mais il est fréquent qu’elle ne soit pas identifiée comme telle. La fréquence de ces déchirures s’accroît avec l'âge.

Les déchirures de la coiffe des rotateurs peuvent nuire à la fonction de l'épaule, aux activités de la vie quotidienne ou à la qualité de vie. Elles peuvent entraîner une incapacité de travail prolongée et occasionner des coûts élevés. Les déchirures musculaires peuvent faire l’objet d’un traitement chirurgical ou conservateur (c.-à-d. non chirurgical) et il existe diverses procédures chirurgicales. Le traitement conservateur peut inclure une physiothérapie, des médicaments antidouleur et des injections de stéroïdes. L'objectif principal de ces deux approches est de soulager les symptômes et de rétablir la fonction de l'épaule.

Compte tenu de la fréquence et des conséquences des déchirures de la coiffe des rotateurs au sein de la population, le Swiss Medical Board (SMB) a procédé à une « évaluation des technologies de la santé » (ETS) pour comparer l'efficacité et l’innocuité des deux méthodes de traitement et en évaluer les répercussions économiques. Le rapport ETS désormais publié repose sur dix études cliniques au total.

Alors que le traitement chirurgical donne de meilleurs résultats par rapport à la fonction de l'épaule et la douleur de l'épaule, il n’y a aucune différence entre les deux méthodes de traitement en ce qui concerne l'amplitude des mouvements au niveau de l'articulation de l'épaule et la force musculaire. Le Conseil d'experts en a donc conclu que les différences d'efficacité étaient dans l'ensemble modérées.

Un modèle de calcul avec un horizon temporel de cinq ans post-opération a montré que l’intervention chirurgicale coûtait environ 7 000 CHF de plus par patient que le traitement conservateur. Dans ce modèle, les coûts supplémentaires estimés résultant de l'opération s'élevaient à environ 90 millions CHF par an à l’échelle de la Suisse. Du point de vue du Conseil d'experts, les résultats de l'analyse économique de la santé favorisent donc plutôt la stratégie de traitement conservateur.

On tiendra cependant compte du fait que les patients souffrant de déchirures de la coiffe des rotateurs diffèrent souvent fortement les uns des autres et que certains groupes de patients pourraient vraisemblablement bénéficier davantage d’une intervention chirurgicale. Dans la mesure où ces deux méthodes de traitement sont considérées comme acceptables et accessibles pour tous les patients dans le contexte suisse, et où les résultats scientifiques n’ont parallèlement qu'une pertinence limitée, le Conseil d'experts a formulé une recommandation en faveur du traitement chirurgical pour les déchirures de la coiffe des rotateurs. Certaines conditions doivent être cependant respectées, telles qu’une sélection des patients devant être opérés en fonction de leurs symptômes et de leurs activités, une information exhaustive des patients concernés ainsi que l'établissement d'un registre qui documenterait le déroulement à long terme des différentes méthodes de traitement dans un grand collectif de patients.